Tentatives de bonnes réponses à des questions qui peuvent ne pas l'être |
La réponse à cette question est une autre question : pourquoi ne faudrait-il pas les mettre ?
Les accents, empruntés au grec où leur rôle était toutefois différent, étaient ignorés du latin. «C’est vers le XVIe siècle que s’introduiront aussi, pour s’imposer plus ou moins vite, les signes typographiques secondaires tels que les accents et la cédille » (Jacques Allières, La formation de la langue française). Ils sont nommés dès 1549 par Robert Estienne dans son dictionnaire français-latin.
Combien de fois ne nous a-t-on pas rabâché les oreilles avec cette prétendue règle : «on ne met pas d’accent sur les majuscules» ? Or cette règle n’est jamais qu’une habitude née des difficultés techniques rencontrées par les imprimeurs. Omettre les accents sur les lettres capitales facilite la composition au plomb et plus particulièrement l’utilisation des machines linotypes. La prédominance de l’imprimé sur le manuscrit a fait prévaloir la licence sur la règle. Pourtant les manuels de typographie sont formels : tous condamnent la suppression des accents sur les majuscules et la tienne pour négligence.
L’écriture lapidaire, non soumises à ces contraintes, a été moins sensible à cette mode. Il est rare que le fronton de nos mairies s’orne de la devise « LIBERTEU, EUGALITEU, FRATERNITEU ». Par contre, avec les enseignes électriques, le pire est envisageable et l’on se demande quelle sorte de requins fréquente le « PALAIS DES CONGRES ».
Le terme didactique signe diacritique (du grec diakritikos « qui distingue ») désigne l’ensemble des signes accompagnant les lettres d’un alphabet : nos accents, la cédille, le tréma ou le tilde espagnol, ainsi que, par exemple, les points de voyellisation dans les écritures consonantiques comme l’arabe. Ils sont plus qu’une simple marque d’élégance. Leur omission rend la lecture hésitante quand elle ne va pas jusqu’à susciter l’ambiguïté voire le contresens. Si le «DEVIS DE MACONNERIE » prête à sourire, « l’enfant légitime » et « l’enfant légitimé » restent des demi-frères ou sœurs.
Contraintes hier, facilités aujourd’hui, les moyens techniques permettent, au professionnel comme au particulier, d’appliquer les règles d'accentuation aux capitales. Alors, pourquoi s’en priver ?
« Manuel de typographie française élémentaire » ,Y. Perrousseaux, , Atelier Perrousseaux éditeur
« Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale »
« Dictionnaire des règles typographiques », L. Guérin, CFPJ éditions.
« L’accent circonflexe et la petite cédille » poème de Jean-Pierre Rosnay.
Le clavier AZERTY de nos ordinateurs est le petit fils de celui des machines à écrire (son ancêtre direct est celui des téléscripteurs) et il en a conservé quelques tares, notamment l'absence d'un moyen de saisir directement certains caractères. Impossible sans ruser de mettre un accent aigu sur une majuscule ni non plus d'écrire œuvre correctement, avec la ligature du"o" et du "e". Par contre l'accent grave, le tréma et l'accent circonflexe, voire le tilde, ne posent quant à eux aucun problème puisqu'ils figurent chacun sur une touche morte. Oui mais c'est quoi une touche morte ?
Cette dénomination vient elle aussi de l'époque des machines à écrire. À l'issue de la frappe d'un caractère le chariot se déplaçait afin que le caractère suivant soit imprimé à la suite. On appelait touche morte une touche dont la frappe ne provoquait pas de déplacement du chariot, celle de l'accent circonflexe par exemple. Si on frappait un accent circonflexe, le chariot ne se déplaçant pas, le caractère suivant se trouvait surmonté par cet accent. Cette facilité ne pouvait toutefois être utilisée que pour les minuscules faute d'un espacement suffisant entre l'accent et la partie haute d'une majuscule.
Avec nos ordinateurs ce problème ne se pose plus. Les touches mortes permettent d'accentuer indifféremment majuscules ou minuscules et l'on peut écrire "Ô temps suspend ton vol" sans que Lamartine ne se retourne dans sa tombe. Comme sur une machine à écrire on presse d'abord la touche morte (rien ne s'affiche) puis le caractère à accentuer. Si ce caractère est un espace le signe diacritique est alors affiché.
L'accent circonflexe dispose de sa propre touche. Il la partage avec le tréma qu'on obtient en passant en majuscules. L'accent grave ou le tilde s'obtiennent en combinaison avec la touche Alt Gr (qu'on ne retrouve pas sur un clavier QWERTY). Restent le problème de l'accent aigu pour lequel il n'y a pas de touche morte et celui de l'e dans l'o.
Dans un logiciel de traitement de texte, si l'on a pris la précaution d'autoriser les majuscules accentuées, on peut compter sur le correcteur pour rétablir automatiquement ou suggérer la bonne orthographe mais on ne dispose pas toujours de cette facilité. Il faut alors exécuter charmap, sélectionner le caractère souhaité et en faire un copier-coller, ou bien passer par un éventuel menu de type "insertion de caractères spéciaux" propre au logiciel utilisé. Cette manipulation est fastidieuse et on peut facilement s'en dispenser en saisissant directement le code du caractère.
Charmap nous renseigne sur le code propre à chaque caractère. Il suffit de noter sur un papillon autocollant placé en vue le code à 4 chiffres de ceux dont on pourrait avoir besoin.
Dans cet exemple on voit que le code, dans la rubrique frappe en bas et à droite, est 0156. Pour afficher œ dans le texte en cours de saisie il faut utiliser la touche Alt, maintenue pressée, en combinaison avec celles du pavé numérique.
Le clavier d'un ordinateur comporte généralement un pavé numérique. Sur les portables c'est selon leur taille. Quand il est absent certains permettent de le simuler grâce aux touches alphabétiques comportant un chiffre généralement sérigraphié en bleu. Elles doivent être utilisées en combinaison avec la touche Fn. Malheureusement il devient fréquent que les constructeurs abandonnent cette fonction. Ne parlons pas des tablettes et des téléphones ...
À y regarder de plus près les besoins les plus courants sont limités. Les plus souvent utilisés sont le E majuscule accent aigu, le C cédille majuscule. Et n'oublions, dans le domaine des minuscules, le e dans l'o sur lequel nos claviers font l'impasse. Si l'on se sert fréquemment de ces caractères on en retiendra vite leur code :
- Alt + 0201 ==> É ;
- Alt + 0199 ==> Ç ;
- Alt + 0156 ==> œ.