Tentatives de bonnes réponses à des questions qui peuvent ne pas l'être |
Compte de messagerie, adresse de messagerie, logiciel de messagerie, serveur de messagerie, autant de notions distinctes recouvertes par le mot messagerie dans le flou le plus total. Nous allons tenter de préciser à quoi correspond chacune de ses expressions et de voir comment elles s'organisent entre elles.
Au sens le plus général un service de messagerie est un dispositif qui permet l'échange de messages entre différentes personnes ou organismes. La pénétration de l'informatique dans les grandes organisations et la multiplication des terminaux ont conduit progressivement celles-ci à dématérialiser les échanges de messages internes par la mise en place d'un service de messagerie électronique.
Différents systèmes ont vu le jour, souvent liés aux plateformes sur lesquelles ils devaient être mis en œuvre et donc incompatibles entre eux. Au cours des années 80 l'IUT (Union internationale des télécommunications) a publié une norme, connue sous le nom X.400, afin de définir un protocole unique devant assurer l'interopérabilité de tous les services de messagerie. Cependant les messageries X.400 ne virent pratiquement jamais le jour car en parallèle deux vagues de fond vinrent bouleverser le paysage : l'arrivée du micro-ordinateur d'une part et l'explosion d'internet d'autre part.
Ces deux avènements ont permis de sortir la pratique de l'échange de messages électroniques du monde confiné des grandes organisations et il est devenu aujourd'hui aussi banal pour un particulier de disposer d'une adresse électronique que d'avoir un numéro de téléphone.
Elles continuent cependant de posséder leur propre service de messagerie sur leur réseau interne mais celui-ci utilise maintenant les mêmes protocoles que ceux adoptés pour internet. Si une passerelle avec internet a été mise en place les collaborateurs peuvent communiquer entre eux et en externe avec le même outil.
Toutefois, pour ne pas encombrer l'exposé, nous ne nous intéresserons ici qu'à la messagerie telle que la voit un particulier.
Comme tout service, un service de messagerie est fourni par un prestataire. Dans la mesure où tous les FAI (fournisseur d'accès à intenet) proposent un service de messagerie à leurs clients, c'est souvent le seul que ceux-ci connaissent.
Néanmoins de plus en plus d'internautes utilisent aussi des services tiers pour des raisons diverses. L'une d'elles est de garantir la permanence de leur adresse de messagerie en cas de changement de FAI. Parmi les plus populaires ont peu citer Gmail, Yahoo Mail, ou bien encore Outlook.com, proposés respectivement par Google, Yahoo et Microsoft.
À noter que pour utiliser un service de messagerie il n'est nul besoin d'avoir un abonnement internet ni même de posséder un ordinateur. Il suffit d'avoir accès à un ordinateur connecté à internet, dans un cybercafé par exemple.
Une première distinction à faire donc, le prestataire qui propose un service de messagerie et le service lui-même.
Le moteur d'un service de messagerie est le logiciel serveur de messagerie. Ses différentes fonctions peuvent être résumées dans le schéma ci-dessous.
Les logiciels serveurs de messagerie fonctionnent le plus souvent sur un environnement Unix (ou Linux).
Pour utiliser un service de messagerie il faut y disposer d'un compte de messagerie auquel correspond une adresse de messagerie et le mot de passe associé garantissant la confidentialité. Le serveur de messagerie permet d'assurer l'administration de ces comptes.
Quand on s'abonne à internet le FAI ouvre systématiquement un compte à son nom. On a cependant la possibilité d'en créer d'autres, un pour chaque membre de sa famille par exemple. Ceci n'empêche pas que l'on puisse également ouvrir des comptes auprès de prestataires tiers.
En résumé à un compte de messagerie correspond une adresse de messagerie et on peut disposer de plusieurs comptes de messagerie.
Le serveur de messages entrants réceptionne tous les messages dont on est destinataire et les stocke localement jusqu'à ce qu'on les supprime.
On désigne généralement l'espace de stockage alloué au détenteur d'un compte par le terme de boîte aux lettres bien que son fonctionnement s'apparente plutôt à celui d'une boîte postale. Cet espace est limité et sa taille est fixée contractuellement.
Quand toute la place est occupée, plus aucun message ne peut être reçu et l'expéditeur est notifié que son message n'a pas pu être remis.
En résumé il appartient à l'utilisateur de gérer le contenu de sa boîte aux lettres afin que le serveur de messages entrants puisse continuer de recevoir de nouveaux messages.
Pour envoyer un message on s'adresse au serveur de messages sortants. C'est lui qui se charge d'acheminer le message jusqu'au serveur de messages entrants du destinataire.
En cas de destinataires multiples il recommence l'opération autant de fois que nécessaire.
Les messages ne sont pas stockés et ne font que transiter par ce serveur.
Pour utiliser un service de messagerie après qu'un compte à son nom y a été crée, on se sert d'un logiciel client de messagerie. On a généralement le choix entre un client local, un logiciel installé sur son ordinateur, ou l'application en ligne proposée par le prestataire gérant le service de messagerie (voir chapitre suivant).
Il existe de nombreux logiciels de messagerie électronique, gratuits ou non, et on peut installer celui de son choix. Microsoft a toujours fourni gratuitement des logiciels de messagerie en accompagnement de ses systèmes d'exploitation. Il y a eu successivement Outlook Express puis Windows Live Mail et maintenant l'application Courrier intégrée à Windows 8. Microsoft propose également un produit commercial, Outlook, qui fait partie de la suite Office.
Parmi les logiciels tierce partie on peut citer le populaire Thunderbird ou le contreversé Incredimail mais il serait injuste d'omettre l'un des tout premiers, Eudora, qui a vu le jour en 1988.
Pour ce servir d'un logiciel de messagerie local tel qu'Outlook Express, Windows Live Mail, ou Thunderbird, la première opération à effectuer est d'indiquer le nom de son compte de messagerie via l'assistant d'ajout de compte.
Quand on déclare un compte on doit indiquer :
- l'adresse de messagerie et le mot de passe qui l'accompagne ;
- le protocole à utiliser pour les messages entrants et celui à utiliser pour les messages sortants ;
- le nom du serveur correspondant à chacun d'eux.
Ces informations sont fournies par le prestataire qui gère le compte.
Le protocole SMTP (simple mail transfer protocol) est généralement la seule option disponible pour les messages sortants. Par contre on a souvent le choix entre POP3 (post office protocol) et IMAP (Internet Message Access Protocol) en ce qui concerne les messages entrants comme le montre la copie d'écran ci-dessous, réalisée à partir d'Outlook Express.
On peut bien sûr ajouter plusieurs comptes de messagerie relevant du même service de messagerie ou de services différents. À partir du même logiciel il est possible de gérer un ou plusieurs comptes ouverts chez son FAI, des comptes Gmail, des comptes Yahoo, etc.
L'une des caractéristiques d'un logiciel de messagerie tel que ceux déjà cités est que l'on doit télécharger sur sa propre machine les messages reçus par le serveur afin de pouvoir les lire. Selon que l'on utilise le protocole POP3 ou IMAP la boîte aux lettres est vidée ou les messages y demeurent. Dans ce dernier cas on devra donc surveiller l'occupation de sa boîte aux lettres. Ces deux protocoles présentent d'autres différences mais nous nous en tiendrons ici qu'à celle-là.
De même, on rédige ses propres messages en local et on doit demander au serveur de les transmettre. Des options permettent d'automatiser ces opérations : relevé de sa boîte aux lettres à l'ouverture de session, envoi immédiat, etc.
Les messages, reçus et envoyés, peuvent être ventilés, manuellement ou automatiquement, à l'aide de règles fixées par l'utilisateur, dans différents dossiers et sous-dossiers personnels.
Tous les logiciels de messagerie disposent en outre d'une fonction carnet d'adresse permettant de gérer la liste de ses correspondants.
La plupart des prestataires qui proposent un service de messagerie, y compris son propre FAI, offrent en accompagnement la possibilité d'utiliser une application de messagerie en ligne propriétaire (webmail). On accède à ce service annexe au travers de n'importe quel navigateur internet (Internet Explorer, Firefox, Chrome, etc.)
Tout comme un logiciel de messagerie local ce type d'application permet de lire ses messages reçus, d'en rédiger et d'en envoyer ainsi que de gérer des dossiers personnels et un carnet d'adresse. Pour une partie grandissante d'entre elles il est également possible de gérer conjointement des comptes relevant d'autres services de messagerie.
Outre le fait que l'application est exécutée sur le serveur du prestataire, la grande différence avec un client local concerne l'emplacement de la banque de données. Les messages envoyés ou reçus, les dossiers personnels et le carnet d'adresse sont stockés sur ce serveur et y demeurent tant que l'on ne les a pas supprimés. On devra donc surveiller l'occupation globale de l'espace de stockage alloué.
Rien de ce qui concerne la messagerie n'apparaît sur son propre ordinateur. La conséquence immédiate est que l'on peut bénéficier de ses services de messagerie depuis n'importe quel ordinateur capable d'accéder à internet et ce n'importe où au monde.
Le revers de la médaille c'est la moins grande souplesse de l'interface utilisateur des applications en ligne comparée à celle de leurs homologues locales. La manipulation est souvent plus contraignante et les possibilités plus réduites.
Utiliser un logiciel de messagerie ou une application en ligne constitue un choix de méthode de travail. Rien n'interdit cependant d'utiliser conjointement les deux. On pourra par exemple se servir d'un client de messagerie local sur sa propre machine et relever son courrier à partir d'un ordinateur tiers en utilisant une application en ligne.
Certains éditeurs proposent une version dite portable de leur logiciel de messagerie. C'est le cas par exemple de la fondation Mozilla avec Thunderbird. Un logiciel portable et la banque de données qu'il gère (comptes, dossiers et contacts) peuvent être entièrement contenus sur une mémoire de masse amovible. On se sert le plus souvent d'une simple clé USB.
Ce type de logiciel permet de résoudre le dilemme entre utiliser un client de messagerie local ou un client en ligne. On garde toute la souplesse d'utilisation des premiers tout en pouvant travailler sur n'importe quelle machine en n'importe quel lieu comme avec les seconds.
On devra cependant là aussi surveiller le taux d'occupation de cette mémoire de masse.
La notion de secret de la correspondance, tel que celui qu'offre un service postal, ne s'applique pas à un service de messagerie internet.
Dans le meilleur des cas, service de messagerie fourni à titre onéreux (celui de son FAI par exemple) avec utilisation d'un courrielleur local et d'un protocole sécurisé, les messages ne sont cryptés qu'entre la station émétrice ou réceptrice et le serveur auquel elle s'adresse. Les messages circulent en clair sur le réseau et sont donc stockés dans cet état sur le serveur POP ou IMAP du destimataire.
Dans le pire des cas, service de messagerie fourni à titre gratuit avec utilisation d'un courrielleur en ligne, le prestataire qui fourni ce service de messagerie non seulement a connaissance des messages reçus ou envoyés, mais en plus à toute légitimité pour en exploiter le contenu à des fins commerciales (voir les condtions générales d'utilisation). Et par dessus le marché on met son carnet d'adresses à sa disposition. Si de surcroit la communication entre la station et le serveur n'est pas sécurisée (protocole HTTP et non HTTPS) les messages circulent en clair entre les deux.